C’est l’histoire d’un chien qui n’a pas encore un an, et de sa famille. Une histoire banale, une histoire triste, une histoire qui met les enfants en danger, un chien qui pourrait se faire tuer car mordre un enfant, c’est souvent la fin d’une vie canine.
Lorsqu’il était encore chiot, cette famille fait appel à un éducateur canin. Comme de nombreux professionnels, il se base sur les théories de la hiérarchie entre les chiens et les humains. (un livre qui explique bien que ces théories sont fausses)
Le soucis, c’est que certains professionnels pensent que suivant cette théorie, il faut être « le chef de meute », et que cela passe par une relation basée sur la défense de sa position, et par des actes plutôt violents physiquement (soulever le chiot par la peau du cou, le retourner comme une crêpes), et mentalement (lui faire pression pour annihiler toute possibilité de prise de décision).
Dès la première fois, il dit à la famille ce qu’ils doivent autoriser et ce qu’ils doivent interdire. Et aussi, que la gamelle doit pouvoir être prise, par tous, quand la chien mange. Et s’il grogne sur les enfants quand ils veulent le caresser ? Et bien il faut insister jusqu’à ce qu’il se laisse faire. Et surtout, clou du spectacle, il faut faire comme ça quand il fait une bêtise : le prendre par la peau du cou et le soulever. La famille se souvient des hurlements du pauvre chiot, de ses yeux terrorisés, de l’impuissance et de la culpabilité d’avoir laissé faire cela à leur petit chien, si gentil. Qu’est-ce qui mériterait d’être soulevé de terre ainsi ? Un pipi, une crotte, un truc qui a été mordillé etc. C’est la fête de l’horreur, la descente aux enfers.
Sans avoir recours à une boule de cristal, vous voyez facilement ce qui va arriver : les enfants se font pincer assez fort.
C’est l’heure des croquettes : on va les chercher dans la buanderie, on empêche le chien d’approcher. On met les croquettes dans la gamelle, et au moment de la poser dans le salon, on lui demande le sacro-saint « assis, pas bouger » et on le fait attendre une seconde (avant c’était plusieurs secondes mais c’est terminé maintenant, car avant « il était encore pire »).
Il mange, vite, en défensive, tout recroquevillé comme pour faire couvercle au dessus de sa gamelle. Si quelqu’un parle alors qu’il mange, il gronde, il se resserre encore plus. Juste le son de la voix de son humain crée un comportement agressif pour lui dire de dégager et de ne surtout pas approcher de lui.
Une fois qu’il a mangé, tout rentre dans l’ordre, il redevient l’adorable chien joyeux et frétillant.
Que s’est-il passé pour que ce chien devienne féroce quand il mange ?
Il a simplement appris que sa famille devient une menace dès qu’il mange, et tout ce qu’il a fait pour les prévenir de son inconfort n’a pas été compris, et que cela a créé encore plus d’agressivité car on a forcé le chien à subir. Il aurait pu plier comme un bambou, mais non, il a grimpé l’échelle de l’agressivité et maintenant il gronde, et malheur à celui qui s’approchera.
Qu’aurait pu faire la famille avant que cette situation arrive et se dégrade ?
Chaque famille est chez elle, elle vit avec son chien comme elle l’entend (dans le respect du bien-être animal bien entendu). Qui sommes-nous pour dire aux gens « votre chien ne doit pas aller dans la cuisine », « votre chien ne doit pas monter sur le canapé », « votre chien doit manger après vous » ? Tant que la famille et le chien vont bien avec leur cadre de vie, pourquoi interdire ?
Si un professionnel quel qui soit (éducateur, vétérinaire, toiletteur…), maltraite votre chien ou votre famille, physiquement ou moralement, surtout ne laissez pas faire ! Changez de pro ! Non, personne n’a la science infuse ! Et dès lors où vous avez mal au ventre quand le professionnel fait ou dit quelque chose, dites-lui, et ne vous forcez pas à continuer avec lui.
Que faire ? Apprendre à lire son chien, à le respecter, et à le laisser tranquille.
Si il y a une grande excitation autour de la gamelle, permettre au chien de s’apaiser avant d’avoir est une façon de travailler sur l’impulsivité et la frustration. Pour cela, il suffit de « découper » en petites étapes la façon de faire afin d’arriver à poser la gamelle tant qu’il est calme. Pas besoin de le faire attendre des minutes entières, ni de lui demander des trucs juste avant. Le calme cela s’apprend dès le plus jeune âge.
Ajouter de la nourriture quand il mange est une façon de montrer à son chien qu’il y a du plus quand quelqu’un est proche, c’est donc bien plus logique que de retirer la nourriture alors qu’il mange ! Puis le laisser tranquille quand il mange, et surtout lui donner sa gamelle dans un endroit où il n’a pas à s’inquiéter des passages autour de lui, des personnes qui parlent.
Souvenez-vous : nos chiens sont captifs. Ils mangent quand on le décide, ce qu’on décide. Ils font leurs besoins quand on décide de les promener, ils voient les chiens si on le veut… Alors quand il s’agit de manger, foutons leur la paix !!!!
Et apprenons leur langage, la moindre des choses que nous puissions faire pour vivre ensemble, c’est se comprendre.
Autre conséquence de cette pression sur la nourriture : si un enfant fait tomber un gâteau par terre par exemple, le risque de morsure est encore là. Alors c’est ensemble que l’on va aider ce chien, en lui permettant de s’exprimer, en comprenant sa communication. En lui apprenant ensuite à renoncer à prendre ce qui tombe par terre, pour limiter les risques si l’enfant ramasse en même temps que son chien attrape le butin.
Aujourd’hui, ce chien et sa famille vont mieux, ils se comprennent. Il mange tranquillement, sans stress, et la famille est plus sereine.
Je vous invite à bien vous renseigner sur les méthodes, les valeurs, les formations suivies par la personne qui va vous accompagner dans la compréhension et l’éducation de votre chien. Et si vous avez un doute, y’a pas de doute, c’est pas la bonne personne pour vous accompagner.
Et comme c’est un sujet qui interroge, voici un autre article fait lors du premier confinement.
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