Compte rendu de la conférence de D. Guillo

Le congrès du MFEC a eu lieu fin mars à Angers. J’ai pu assister à la journée de conférences du vendredi. Je vous fait ici (et en plusieurs parties) un point sur ce qui a été dit lors de cette journée.

Première conférence :

Dominique Guillo, (Sociologue, anthropologue et historien des sciences, chercheur au CNRS (GEMAS). Il travaille dans une perspective transdisciplinaire sur l’articulation de la biologie et des sciences sociales. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, qui portent sur le darwinisme, l’évolution biologique et culturelle et le rapport homme / animal).

« Les interactions entre le chien et l’être humain : les apports de la sociologie et de de l’anthropologie »

Comment expliquer la relation si particulière que les humains entretiennent avec les chiens ? Pourquoi trouve-t-on des chiens depuis les origines dans presque toutes les sociétés, tantôt considérés comme les êtres les plus vils, tantôt traités comme les amis les plus intimes ? D’où viennent-ils ? Qu’ont-ils dans la tête ? Pourquoi leur parlons-nous ? Les connaissances accumulées depuis quelques décennies en biologie et en sciences humaines donnent des réponses nouvelles et souvent surprenantes à ces questions : par exemple, que c’est en réalité le chien qui a domestiqué l’homme, que les races de chiens sont très largement une invention du 19ème siècle, que les chiens ont des capacités communicationnelles beaucoup plus complexes que les singes ; ou encore : que le chien ne doit pas être considéré comme un loup « domestiqué » ou « humanisé », qu’il s’intéresse bien davantage à ce que les humains font qu’à ce qu’ils pensent. Il sera également question dans cette conférence des différences profondes dans le mode de vie, le rapport aux humains et la psychologie des chiens dans les différentes régions du monde.

1) Le chien, un animal unique au monde

Le chien est le seul animal que l’on retrouve dans (presque) toutes les sociétés dans le monde, dans les régions les plus froides comme les plus chaudes, et même dans les forêts tropicales.

Le chien est le seul qui peut servir :

  • comme arme à la guerre (il portait les bombes et allait dans le camps adverse)
  • pour secourir les blessés
  • pour garder les prisonniers
  • pour fournir de la nourriture
  • pour fournir de la fourrure
  • pour les jeux (courses, combats)
  • pour le sport
  • pour le travail
  • pour tenir compagnie

Depuis toujours on le trouve dans l’humanité, peut-être même avant l’apparition de l’homo sapiens-sapiens (- 30 000 ans). On trouve des sépultures de chien, même à la préhistoire. Sépultures qui montreraient qu’ils étaient considérés comme des individus.

Il y a 400 millions de chiens dans le monde.

2) La domestication et la formation des races

Différencions l’apprivoisement de la domestication.

L’apprivoisement concerne les espèces sauvages, c’est individuel.

La domestication est ancrée dans les gênes, car le génome s’en trouve modifié. Quelque chose les prédispose à être apprivoisé.

Expérience de Belyaev (explication ici) : expérience réalisée avec les renards argentés. Il faut savoir que la population de renards était déjà présente dans la région, c’est l’humain qui est venu pour faire son expérience.

Il s’avère qu’en 20 ou 30 générations, l’animal obtenu ressemble plus à un chien qu’à un renard argenté dans ses comportements et traits physiques : queue qui remue, oreilles tombantes, couleurs…

La théorie qui implique que l’homme aurait, il y entre 50 000 et 30 000 années, eu l’idée de sélectionner les loups les plus dociles pour en faire des chiens, est remise en cause. En effet, il semblerait que pour cela il faille quand même que les hommes aient eu une organisation sociale, la parole, et soient sédentaires. Or ce n’était pas le cas à cette époque. La domestication n’est pas un processus volontaire.

Dans ces canidés ressemblant au loup (l’ancêtre du loup et du chien), il y a une variabilité assez importante. A cette même époque se développent des campements humains. Ceux qui génétiquement ont moins peur des humains et font moins peur aux humains, vont pouvoir bénéficier des déchets humains. Ils vont pouvoir se reproduire plus facilement.

C’est alors qu’il y a le processus de divergence : d’un côté les loups (qui ont plus peur et qui font plus peur aux humains), et de l’autre, les chiens. Le chien et le le loup sont donc des cousins qui ont un ancêtre commun.

Il est donc possible que ce qui est devenu chien ait été fait sans l’intention spécifique de l’homme. Souvenons nous que nous sommes il y a des milliers d’années en arrière.

Actuellement, une équipe de généticiens (à Rennes) travaille sur l’évolution du chien.

Les races telles que nous les connaissons sont nées au 19ème siècle.

On peut dire que le chien est un animal sauvage : c’est un animal qui vit dans son environnement naturel, c’est à dire celui de l’homme. Imaginer un chien qui vit hors de cet environnement, ce n’est pas un chien.

Il faut faire attention au modèle du loup pour le chien. Les histoires de meutes et de mâle alpha sont trompeuses.

Le chien n’est pas un loup civilisé. Le chien est un chien, qui vit dans le même environnement que celui de l’homme, et c’est pour cela qu’il fait en sorte de le comprendre

3) Malentendus et anthropomorphisme

Les chiens repèrent les corrélations : quand on met ses chaussures c’est qu’on va sortir, quand on se lève de table, on va lui donner à manger, quand on rebouche son stylo, on va s’occuper de lui etc.

Le regard coupable : pour vérifier si le chien a un regard coupable car il a fait une bétise, un chercheur détruit lui même des choses dans un appartement où vit un chiot. Le chiot qui n’a absolument rien fait, et qui n’a rien vu, montre quand même des signes de « culpabilité » quand ses humains rentrent le soir.
[pour plus d’information sur le regard coupable du chien, lire ici le document de AVA refuge)

Le soucis c’est l’application injustifiée des catégories de la psychologie humaine au chien.  Il ne sert à rien de dramatiser l’anthropomorphisme. Ce qui compte c’est ce que chaque humain met derrière chaque mot.

 

Suite au prochain article…

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2 commentaires sur “Compte rendu de la conférence de D. Guillo
  1. Angel dit :

    Prometteur !
    Merci de nous faire partager ces notes de conférence.
    Vite la suite 🙂

  2. assurance chien prix dit :

    le chien est un animal unique car en combinant son intelligence a une bonne domestication, on peut en tirer des savoir faire : comme les chiens secouristes par exemple

    Laurence

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