Les effets du manque de sucre sur le cerveau

L’éducation canine implique dans certains cours collectifs, que les chiens soient tenus de ne pas bouger, ni de sentir, ni de se détendre, pendant qu’un binôme humain-chien fait des exercices. Et lorsqu’enfin c’est à notre tour de s’entrainer, notre chien montre des signes d’excitabilités amplifiées.

Cet article paru il y a un an est particulièrement intéressant pour comprendre les mécanismes biologiques mis en œuvre dans ces moments là, et pourquoi nous devons toujours être en mouvement avec notre chien.

« D’où la nécessite d’être toujours en mouvement lors d’un travail de rééducation en longe.

Des recherches en neurobiologie éclairent d’un jour nouveau le comportement de nos animaux.Pour étudier les effets d’un manque de sucre au niveau du cerveau humain, des chercheurs ont fait appel à des chiens.

Mais comment provoquer une hypoglycémie cérébrale et uniquement cérébrale ? Leur faire faire un exercice physique ou les faire jouer n’était pas la solution : augmentation du rythme respiratoire, augmentation du rythme cardiaque, intervention du foie, l’organisme en bonne santé et correctement alimenté fournit le carburant sans coup férir… et en plus le cerveau est prioritaire !

Donc pour diminuer le taux de sucre cérébral, les chercheurs ont demandé aux chiens de rester assis immobiles 10 minutes. Pour rendre l’exercice plus difficile, ils ont même lâché une souris mécanique dans la pièce. Le cerveau des chiens a donc carburé à plein régime pour contrôler l’animal… et tout le monde sait que le cerveau est hyper gourmand en sucre.

Ensuite, chaque chien a été conduit dans une autre pièce où un molosse agressif était dans une cage. On a constaté que les chiens se sont approchés de ce molosse qui a alors essayé de les mordre (sans y parvenir bien sûr).

Les chiens d’un autre groupe qui n’avaient pas été soumis à l’épreuve de l’immobilité, se sont montrés plus prudents et sont restés sagement à l’écart.

Les chercheurs en ont donc conclu qu’une forte contrainte peut entraîner ensuite une prise de risque inconsidérée.

Ce point corrobore d’autres études faites sur l’homme. En outre, sur l’homme, on s’est aperçu que les personnes n’avaient absolument pas conscience d’avoir pris un risque plus important qu’à l’ordinaire.

Au lieu de nous pencher sur les implications humaines, intéressons-nous à ce que nous pouvons en tirer pour nos animaux :

Premier enseignement de l’expérience : lorsque l’on demande à un animal de se contrôler, surtout dans une situation où il serait naturellement peu porté à le faire (peur ou envie de faire autre chose comme jouer par exemple), on diminue le taux de sucre de son cerveau et ce d’autant plus qu’on ne lui laisse faire aucun effort physique.

Or c’est une pratique courante dans le dressage de demander à un animal de ne pas réagir lorsqu’on agite un sac ou un manteau ou de refuser une friandise. Le fait qu’on ne le tienne pas physiquement mais qu’il ait appris qu’il ne doit pas bouger sans qu’on lui ait donné l’autorisation, est un facteur supplémentaire de contrainte… et cela même (et surtout) si l’animal ne bouge effectivement pas. Il n’y a arrêt de ce phénomène que lorsque l’animal s’en fout réellement… mais là généralement on passe à autre chose.

Ce type d’exercice demande donc un effort cérébral à ne jamais négliger. Les séances doivent donc être très courtes pour laisser le cerveau se recharger en sucre. Si malgré tout, la contrainte est prolongée, le taux de sucre reste bas ce qui peut se traduire par une attitude apathique qui peut amener à penser à tort que l’animal n’a plus peur.

A terme, si cela est répété trop souvent et trop longtemps, surtout sur un sujet jeune, cela peut s’avérer carrément néfaste. N’oublions pas qu’un manque de sucre sur une durée trop importante entraîne la mort de neurones. 

On peut retrouver ce type de situation dans certaines pratiques d’élevage : poulain sevré en l’enfermant dans un box alors qu’il entend sa mère dehors, cheval blessé que l’on maintient attaché (le fait que le motif soit légitime n’y change rien), poulain élevé seul, étalon maintenu constamment à l’écart de ses congénères….

Deuxième enseignement : ce type d’exercice engendre une prise de risques inconsidérée dont le sujet n’a pas réellement conscience. 

Dans la pratique, cela pourrait donner la séquence suivante : votre cheval a très peur d’un train. Vous lui demandez de rester tranquille le temps que le train passe. L’expérience (scientifique comme quotidienne) vous enseigne qu’il y a de fortes chances que juste derrière votre cheval « pète les plombs » pour un oui ou pour un non.

On a aussi ce comportement lorsqu’un chien qui a eu très peur d’un autre chien, se retourne sur vous pour vous mordre… au risque que vous vous fâchiez grave !

Si on suit le raisonnement, on peut penser qu’un exercice physique ensuite, permet d’augmenter le rythme cardiaque et d’amener un flux de sang au cerveau qui va alors se recharger plus vite en sucre. Ainsi l’étalon qui peut galoper dans son pré est moins frustré que celui qui est enfermé dans un box où la dépense physique lui est impossible.

Mais pendant ce temps, vous devez faire particulièrement attention à assurer la sécurité, car votre animal risque de l’oublier d’où des comportements exempts de peur, le cheval qui se jette sur la clôture ou sur la porte voire si la situation se répète des comportements d’automutilation ou d’agressivité qui peut devenir permanents. »

 

Source : Revue de presse Mediscoop du 25 Avril 2012. Cerveau : Les dangers du manque de sucre. Le Figaro. Université de Lille (Nord) et du Kentucky (États-Unis) parus dans Psychonomic Bulletin & Review.

 

Photo : CC airwaves1

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2 commentaires sur “Les effets du manque de sucre sur le cerveau
  1. Angel dit :

    Merci Kanidikoi pour le partage de cet article
    « pas-bougé » ? non non mouvement !

  2. Nadia dit :

    Très intéressant !

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